dimanche 5 janvier 2014

Le Pigeon décoiffé fait une entrevue tout à fait sublime avec Marc Fisher

 

 
 
Je viens de lire cet article du Pigeon Décoiffé...et je suis décoiffée par ce vent frais de dialogue entre vous et Marc Fisher, grand homme qui a un enseignement divin à offrir à qui veut l'entendre...
 
Cet article est un parfum Caramel....trop bon, on en veut encore!
 
FÉLICITATION
 
À LIRE!!!
 
 
 
 
« Si quelqu’un me demande : « Vous croyez que je devrais écrire? »
La réponse est dans la question. Non. On ne doit écrire que parce qu’on n’a pas le choix, poussé par une force intérieure.»
— Marc Fisher

Le pigeon décoiffé : La grande question : pourquoi écrivez-vous?M. F. : Parce que j’ai des choses à dire, sur la vie, le bonheur et que ma principale qualité intellectuelle, si tant est que j’en aie, est l’imagination, la folle du logis. On doit exercer ses meilleures qualités si on veut être heureux.

P.D. : À quel moment avez-vous commencé à écrire, et pour quelles raisons avez-vous commencé à le faire?

M. F. : À 16 ans, comme suite d’un chagrin d’amour. Qui m’a conduit à quelques expériences spirituelles. Qui m’ont conduit au métier de romancier.

P.D. : Quel est l’objectif que vous tentez d’atteindre en travaillant un texte?

M. F. : Clarté, simplicité, élégance jusque parfois des alexandrins cachés dans ma prose, poésie, philosophie.

P.D. : Vous arrive-t-il de vous relire et de trouver cela mauvais?

M. F. : Presque toujours, même après cinq versions. Mais il ne faut surtout pas faire circuler la rumeur, trop de critiques seraient d’accord! Comme disait Pascal : « On n’achève pas un ouvrage, on l’abandonne. »

P.D. : Croyez-vous plus au talent ou à la technique?

M. F. : La technique ou disons le métier est nécessaire mais forcément insuffisant. Ce serait trop facile. Il suffirait de suivre un atelier de Marc Fisher pour réussir un bon roman. Il faut un don, ou disons des dispositions, puis la patience de les développer.

P.D. : Avez-vous eu de la difficulté à trouver un éditeur pour votre tout premier ouvrage?

M. F. : Oui. Je n’ai pu la publier, je l’ai jeté à la poubelle. Une bonne chose, avec le recul, car c’était un pastiche de Voltaire, que j’admirais trop visiblement. Les éditeurs n’ont pas toujours tort, quoi qu’on en dise et pense.

P.D. : Acceptez-vous que quelqu’un lise par-dessus votre épaule lorsque vous êtes en processus créatif?

M. F. : J’ai un comité de lecture, aide infiniment précieuse à mes yeux.

P.D. : Quel est ce qui vous pose le plus de difficulté au moment de l’écriture?

M. F. : Mes exigences qui croissent plus vite que le peu de talent que j’ai. Et aussi une certaine impatience à finir car j’ai toujours une trentaine d’histoires à raconter. Ce trait est ancien chez moi. J’ai failli naître dans un taxi. Ma mère a dû se serrer les jambes pour éviter cet embarras. J’étais impatient de vivre. Et suis toujours impatient d’écrire, car ma biographie commence à ressembler à ma bibliographie.

P.D. : Acceptez-vous de retoucher votre texte à la demande d’un éditeur?

M. F. : Oui. Stephen King a dit : Écrire est humain, éditer divin. » Encore fau-il tomber entre de bonnes mains.

P.D. : Vous arrive-t-il de vous autocensurer?

M. F. : Oui parfois je pense que ma fille de 15 ans et ma mère de 87 ans me liront. Mais je mijote quelques projets où je ferai fi de cette pudeur. À suivre.

P.D. : Une part de votre écriture est-elle autofictive?

M. F. : Je suis un romancier du subconscient. Chacun de mes romans est au fond un petit règlement de comptes ou une catharsis dont moi seul ai la clé.

P.D. : Quelle est l’ambiance de travail dont vous avez besoin pour vous plonger dans l’écriture?

M. F. : Malgré la grandeur de ma maison, je travaille dans un bureau minuscule. Si je pouvais j’écrirais dans un placard. Avec toujours la lumière artificielle et les rideaux tirés. Je ne peux sur une terrasse ou dans un café : je préfère alors regarder les passantes ou les clientes : mes personnages, malgré leur beauté, ne peuvent souffrir leur déloyale concurrence.

P.D. : Éprouvez-vous parfois des pannes d’inspiration?

M. F. : Non. Mais j’aimerais pour pouvoir mieux dormir alors que les scènes me viennent sans demander ma permission.

P.D. : Lorsque vous travaillez un texte, et que vous en faites relecture, après le premier jet, tranchez-vous généralement dans le texte, à cette étape du travail, ou si, au contraire, vous avez tendance à en rajouter pour préciser, mieux camper les atmosphères etc.?

M. F. : Je fais les deux. Je vise la vitesse du récit. Mais en même temps je tente de tout « mettre en scène » me demandant constamment : « Si ça s’était vraiment passé, qu’auraient fait et dit mes personnages? » C’est ce que j’appelle : être dans la scène. Et c’est un art que j’acquiers avec le temps, car contrairement à ce que l’on croit généralement l’imagination devient plus vive avec l’âge. Et donc comme un peintre je suis souvent forcer de faire des retouches, d’ajouter des détails.

P.D. : Êtes-vous sensible à la critique que l’on fait de vos écrits?


M. F. : Je dis souvent que je ne fume pas, ne prend pas de drogue et…ne lis pas la critique. Ce qui est vrai. Je me suis aperçu fort jeune que le plaisir que me procurait une bonne critique n’était jamais aussi grand que le déplaisir d’un papier incendiaire. Donc par hygiène mentale, ou faiblesse morale, je ne sais trop, je me retiens. Sans doute y a-t-il chez moi quelque orgueil, le sentiment de ma supériorité sur les critiques, du moins sur un point : je n’ai pas besoin de le lire pour écrire, ils doivent me lire pour écrire. Du moins en théorie. Par contre je lis jusqu’à l’étourdissement les rapports de lecture que je reçois de mon comité de lecture, et de mon éditeur. Cinq fois, dix fois, vingt fois. Pour être sûr que je comprends ce qu’on me dit, et que je souhaite toujours être sans complaisance. Et je lis tous les commentaires des lecteurs une fois le livre publié.

P.D. : Que pensez-vous de vos premiers ouvrages publiés?

M. F. : Prématurés.

P.D. : Complétez à votre guise l’énoncé suivant : « Écrire c’est… »

M. F. : J’ai envie de répéter la boutade de Simenon : « Romancier, c’est la vocation du malheur. » De même que le bourgeois ne souhaite pas une vocation artistique chez son fils, je ne crois pas que je souhaite voir ma fille devenir romancière. Pourtant l’autre jour elle m’a avoué qu’elle en avait la secrète intention, et cela m’a donné une émotion, une sorte de fierté. Imbécile. Vocation du malheur? Si je passe trop de temps sans écrire, je ne suis pas aussi heureux. Mais si quelqu’un me demande : « Vous croyez que je devrais écrire? » La réponse est dans la question. Non. On ne doit écrire que parce qu’on n’a pas le choix, poussé par une force intérieure. À l’époque de Voltaire seuls les gens d’esprit écrivaient. Parce qu’ils avaient de l’esprit. Et quelque chose à dire ou à combattre. Aujourd’hui tout le monde écrit. Mais de même que n’est pas comédien celui qui apparaît glorieusement dans une téléréalité, noircir deux cents pages ne vous confère pas du talent. Donc il me paraît évident que la boutade de Simenon trouvera en notre époque d’innombrables confirmations et que de plus en plus de psychiatres feront de bonnes affaires avec de mauvais romanciers. Mais en même temps, et très honnêtement, qui suis-je pour décréter qui est bon ou mauvais romancier, qui doit on non s’abandonner au démon de l’écriture? Nous vivons en démocratie, tout est permis, et rêver est si doux, et rend les gens si beaux. Et le talent, même fragile, même modeste en ses débuts, peut se développer magnifiquement de même que le chêne qui fut d’abord un gland. Voilà ma longuette glose pour compléter la simple question : « écrire c’est... » Mais il ne faut jamais provoquer un romancier, surtout s’il est bavard! Alors jeune romancier, je te dis, plonge, tu verras bien vite si tu peux apprendre à nager. Et alors romancier ça deviendra la vocation du…bonheur!

Merci Marc d’avoir répondu aux questions du Pigeon décoiffé!

Site Internet de l’auteur :
www.marcfisher.biz
 
http://www.lepigeondecoiffe.com/2014/01/entrevue-avec-marc-fisher.html

MERCI À PIGEON DÉCOIFFÉ! CE FUT UN HONNEUR POUR MOI DE VOUS LIRE!


 
 
 
 

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